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Tournons la page…
Peggy Sue et sa grand-mère marchaient à travers la lande. Le chien bleu folâtrait à la poursuite des minuscules sauterelles qui s’obstinaient à le narguer en bondissant sous son nez.
— Le papillon est parti, murmura Granny Katy. Je ne suis pas sûre qu’il revienne de sitôt.
— Comment réagissent les gens du village ? demanda l’adolescente.
La vieille dame haussa les épaules.
— Ils ont un peu de mal à se réveiller, dit-elle les yeux tournés vers la ligne d’horizon. Ils ont tout de même fini par comprendre qu’on doit fabriquer son bonheur soi-même et non l’acheter tout fait. Le papillon leur livrait le bonheur à domicile, comme une pizza, c’était commode. Un peu trop, sans doute. Il faut se méfier des paradis artificiels.
Elle posa son bras sur les épaules de Peggy Sue.
— L’important, ajouta-t-elle, c’est que les Invisibles vont progressivement sortir de ta vie. Quand le dernier des doubles sera dissous, tu cesseras de voir des choses qui échappent aux gens normaux. Tout rentrera dans l’ordre. C’est l’affaire d’un an.
— Je n’arrive pas à y croire, murmura Peggy Sue. J’attends ce moment depuis si longtemps. J’ai du mal à me représenter ce que peut être l’existence d’une fille normale.
Le chien bleu se retourna.
— Le pire, grogna-t-il, c’est que nous pourrions bien finir par nous ennuyer autant que les Gloubolz… et regretter le temps des Invisibles.
(À suivre…)
[1]Voir Le Sommeil du démon.
[2]Transparent comme du papier calque.
[3]Voir Le Sommeil du démon.
[4]Nom scientifique du papillon.
[5]Monnaies anciennes.
[6]Flûte champêtre.
[7]Câbles qui relient la corolle en toile aux harnais entourant la poitrine du parachutiste.
[8]Voir Le Jour du chien bleu. Azéna vit dans une dimension parallèle. C’est elle qui a jadis fourni à Peggy Sue ses fameuses lunettes destructrices de fantômes. Lunettes qui, aujourd’hui, ont épuisé tout leur pouvoir.